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Les 54 Ethnies du Vietnam

Le projet « Precious Heritage », créé par le photographe français Réhahn, présente les riches traditions culturelles des 54 ethnies du Vietnam. À travers des portraits captivants, ce projet met en lumière les groupes ethniques minoritaires du Nord, du Centre et du Sud du Vietnam, offrant ainsi une cartographie visuelle du patrimoine culturel immatériel préservé dans les nombreux villages ethniques disséminés à travers le pays.

En 2017, Réhahn a concrétisé ce travail en ouvrant le musée « Precious Heritage » situé au cœur de la vieille ville d’Hoi An, classée au patrimoine mondial de l’UNESCO.

En complément de ce musée, Réhahn a également publié le livre photo « Precious Heritage » dépeignant les différentes facettes des groupes ethniques vietnamiens.

Pour une plongée plus approfondie dans les cultures ethniques du Vietnam, découvrez ci-dessous une brève présentation des différentes ethnies du pays.

Si vous passez par Hoi An, ne manquez pas notre musée gratuit « Precious Heritage ».

La carte des 54 ethnies du Vietnam

The map of the 54 ethnic group in Vietnam

Listes des 54 Ethnies du Vietnam

Ba Na ethnic group in Vietnam by Rehahn

Les Banhars

J’ai rencontré les Banhars pour la première fois en 2013, lors d’un voyage en moto entre Hoi An et Kon Tum. Cette ethnie est connue pour la spectaculaire architecture de leur maison communale « rong » érigée au centre de chaque village. Elle se caractérise par des piliers qui la hissent à deux mètres du sol – les protégeant notamment des tigres ! – et par un toit qui peut culminer à 20 mètres de haut, symbolisant la prospérité de la communauté.

Les femmes de cette ethnie sont reconnues pour leur talent de couturière hors pair et apprennent l’art du tissage sur le métier traditionnel dès l’âge de 13 ou 14 ans. Les Banhars ne portent plus l’habit traditionnel au quotidien, notamment près des zones urbaines, mais certains continuent à le fabriquer et à le porter lors des festivals et pour célébrer la nouvelle année.

Des coopératives se sont constituées pour favoriser la préservation et la transmission de cette tradition. Lang Yen avait 6 ans lorsque je l’ai rencontré en 2017. Elle ne portait pas le costume traditionnel, mais l’a revêtu avec fierté pour prendre la pose. Je suis retourné la voir en 2018 pour l’intégrer au programme « Giving back » qui soutient désormais l’intégralité de sa scolarité.

Population:
286,910 personnes (2019)

Lieux d’habitation:
Kon Tum, Binh Dinh et Phu Yen (Centre du Vietnam)

Autres noms:
Bahnar et aussi appelé les Ro Ngao

Langage:
Austroasiatic

Bo Y ethnic group in Vietnam by Rehahn

Les Bo Y

Mon voyage à la rencontre de l’ethnie Bo Y en 2015 fut rempli d’aventures. J’ai passé la journée entière à aller et venir dans les environs et j’ai fini par avoir l’impression d’être coincé dans un labyrinthe car tout se ressemblait. J’ai dû demander à de nombreux inconnus de l’aide pour retrouver mon chemin, et pour rendre la situation encore plus intéressante, la clé de ma moto resta coincée dans le démarreur ! Une par une, des personnes me sont venues en aide et cet élan de soutien de la part des locaux fit rapidement disparaître la frustration.

La femme de cette image est Lu Thi Pung, 73 ans. Lorsque je lui ai demandé si elle possédait l’un des costumes traditionnels Bo Y, elle rayonna de fierté. Elle m’a déclaré être la dernière personne de sa communauté à encore savoir le fabriquer entièrement à la main.

J’y suis retourné en 2019 pour lui remettre une copie du livre du musée Precious Heritage contenant son portrait, et j’ai eu la chance d’en apprendre un peu plus sur elle alors qu’elle était en train de teindre du tissu pour les costumes avec la teinture indigo. Elle m’a affirmé avoir passé toute sa vie dans le village. Elle a été fiancée à 12 ans et mariée à 17 ans. Elle est capable de faire 4 à 5 costumes par an et est attristée par le fait que les costumes continuent à être fabriqués dans le village mais peu d’entre eux sont encore faits à la main.

La jeune génération semble désintéressée par l’apprentissage des anciennes traditions. Lorsque l’on voit l’éclat des tissus teints à la main, le patchwork complexe, les broderies et le perlage élaboré, on ne peut qu’avoir le sentiment que son histoire est reliée à chaque détail.

Population:
3,232 personnes (2019 Census)

Lieux d’habitation: 
Les provinces de Lao Cai, Yen Bai, Ha Giang et Tuyen Quang

Autres noms:
Chung Cha, Trong Gia, Tu Di, Tu Din, and Pu Na

Langage:
Tai–Kadai

Brau ethnic group in Vietnam by Rehahn

Brau

J’ai eu l’opportunité de rencontrer les Brâu en mai 2016. Il m’a fallu 2 jours pour atteindre leur village, l’un des plus défavorisés que j’ai visité. Je n’ai croisé que très peu d’hommes. Quant aux plus jeunes, ils semblaient méconnaître leur culture. Les femmes portent traditionnellement de lourdes boucles d’oreilles – en bois ou en ivoire en fonction des moyens de chacune-, afin d’allonger et d’élargir leurs lobes. Ils ont également pour coutume de se limer les incisives de la mâchoire supérieure, tradition douloureuse qui marque le passage à l’âge adulte, pour les filles comme pour les garçons.

Auparavant, ils arboraient des tatouages sur le corps et même parfois sur le visage, mais plus aucun représentant de ce groupe n’en porte à l’heure actuelle. Par ailleurs, plus personne ne fabrique le costume traditionnel. J’ai quitté le village désolé de constater la disparition des traditions Brâu, mais d’autant plus inspiré à raconter leur histoire.

En 2018, j’y suis retourné pour donner le livre sur lequel apparaît sa photo à Y An, 76 ans. Très heureuse, elle a partagé ce moment avec sa famille et m’a confié un beau chapeau traditionnel qu’elle avait réalisé. Malheureusement, j’ai pu constater que culturellement la situation s’était encore dégradée ce qui ne présage rien de bon pour les Brâu.

Population:
525 personnes (2019)

Lieux d’habitation:
Dak Me Village, et la province de Kon Tum

Langage:
Austroasiatic

Bru-Van Kieu ethnic group in Vietnam by Rehahn

Bru-Van Kieu

En vietnamien, Bru-Vân Kiều signifie « le peuple qui vit dans les bois ». J’ai eu la chance de rencontrer ce groupe de la province de Quảng Trị  en septembre 2016. Dès mon arrivée, j’ai découvert un village extrêmement paisible et agréable. Les enfants, amusés, se sont rués sur moi et m’ont suivi de maison en maison, en riant. En interrogeant les Bru-Vân Kiều sur leur dialecte, j’ai découvert que plus personne dans le village ne peut l’écrire.

De la même manière, ils ne portent plus que la jupe traditionnelle. Celle-ci est fabriquée au Laos et revendue au marché principal de Lao Bảo situé du côté vietnamien de la frontière. Quant à la veste, elle est devenue trop chère à se procurer, car dans le village plus personne ne la fabrique. Les femmes se parent cependant de bijoux en argent et de bracelets de perles.

Population:
94,598 personnes (2019)

Lieux d’habitation: 
Quang Binh, Quang Tri, et Thua Thien-Hue provinces.

Autres noms:
Bruu et Riang

Langage:
Austroasiatic

Portrait of a Vietnamese girl with Blue Eyes - By Réhahn

Cham

L’ethnie Cham résident sur la côte centrale et le long du Delta du Mékong. Leur histoire remonte au 2nd siècle lorsque certaines régions du sud et du centre du Vietnam appartenaient au Royaume de Champa. Champa a été dissous au 15e siècle mais des éléments de leur ancienne civilisation sont encore visibles dans leur culture, leur artisanat et leur religion. Les Cham sont considérés comme à l’origine du musulmanisme au Vietnam ; toutefois, l’hindouisme peut également être pratiqué selon la région. Les filles et les femmes Cham portent traditionnellement des foulards afin de couvrir leurs cheveux suivant leurs croyances religieuses.

An Phuoc, l’un des modèles photographiques les plus connus de Réhahn, est une petite fille de la communauté Cham de 7 ans et connue comme ‘la fille aux yeux de chat’ dans son village. Ses incroyables yeux bleus, tels deux billes azur, la rendent remarquablement différente de n’importe qui dans la région. Je découvris alors que son arrière-grand-père paternel était français, expliquant ce trait unique. Son père possède également des yeux bleus tandis que sa sœur a un œil bleu et un œil noisette.

Cette photographie et les articles liés ont fait l’objet de nombreuses publications au Vietnam, mais aussi dans les médias internationaux comme National Geographic, BBC, Business Insider, Independent UK et la couverture de Globe-Trotters en France.

Population:
178,948 personnes (2019)

Lieux d’habitation:
Les provinces de Ninh Thuan and Binh Thuan. Les Cham vivent aussi dans la province de An Giang, Tay Ninh, Dong Nai, et Ho Chi Minh.

Autres noms:
Chiem Thanh, et Hroi

Langage:
Malayo-Polynesian

Cho Ro ethnic group in Vietnam by Rehahn

Cho Ro

Lors de ma visite en octobre 2016, j’ai passé deux jours avec les Chơ Ro. A cette occasion, je me suis renseigné sur leur costume traditionnel et étonnamment, ils semblaient ne pas comprendre mon intérêt pour celui-ci. 

Après plusieurs tentatives pour en apprendre plus sur le sujet, j’ai été mené auprès du chef du village. Il fumait cigarette après cigarette et me proposait sans cesse de fumer avec lui, offre que j’ai déclinée ne fumant pas de cigarette moi-même. Mais lorsque je lui ai révélé mon petit plaisir, et sorti l’un de mes cigares, tout excité, il s’est mis à crier « Cuba »! « Castro »! Il trépignait de joie, je lui en offris donc un. Cette connexion nouvelle créée, il m’a invité à revenir le lendemain. 

A ma grande surprise, il m’a à ce moment-là fait don du dernier costume restant du village, tandis que sa femme m’a offert de poser avec. Plus personne ne le confectionne désormais, faisant de celui-ci une pièce inestimable du patrimoine des Chơ Ro.

Population:
29,520 personnes (2019)

Lieux d’habitation: 
Les provinces de Dong Nai, Binh Thuan, Binh Phuoc et Binh Duong.

Autre noms:
Do Ro, Chau Ro

Langage:
Austroasiatic

Chu Ru ethnic group in Vietnam by Rehahn

Chu Ru

Les Chu Ru auraient des liens avec les Chăm. On peut d’ailleurs le deviner à leurs costumes assez similaires, aux airs de sari. Lorsque je suis allé à leur rencontre en août 2016, j’ai fais la connaissance de cette femme charmante, qui m’a généreusement invité dans sa maison. Là, vêtue du costume, elle a posé fièrement, en me rappelant à quel point les Chu Ru sont attachés à leur culture. 

Réputés pour leur vin de riz et la fabrication des jarres qui le contiennent, ils sont également reconnus pour leur talent artistique et musical. J’ai par exemple eu la chance d’assister au concert de ce grand-père de 80 ans jouant de son instrument fait main pour ses petites-filles.

J’ai passé un moment tellement agréable auprès des Chu Ru que j’aurais voulu rester une semaine avec eux! Je suis fier de pouvoir aujourd’hui exhiber dans ma collection, leur costume complet, un de leurs instruments de musique et une bague.

Population:
23,242 personnes (2019)

Lieux d’habitation: 
Les provinces de Lam Dong, Ninh Thuan et Binh Thuan

Autres noms:
Cho Ru and Ru

Langage:
Malayo-Polynesian

Chut ethnic group in Vietnam by Rehahn

Chut

Rencontrer l’ethnie Chut fut un souvenir mémorable pour plusieurs raisons ; la plus importante étant que cette ethnie, que j’ai essayé de retrouver pendant tant d’années, constitue également le dernier groupe à compléter mon projet de documenter les 54 groupes ethniques du Vietnam. Ce fut une aventure pleine d’émotions : près de 9 ans de recherche, des milliers de photographies et d’innombrables heures sur la route, mais cela en valait la peine pour la création du Musée Precious Heritage. 

Les Chut sont le groupe le plus isolé que j’ai rencontré au cours de mes recherches. Ils ont été découverts en 1959, vivant dans une grotte à la frontière du Laos. Le groupe a été déplacé afin de se rapprocher des villages vietnamiens presque immédiatement après leur découverte, mais ils restent très difficiles d’accès. Dans le passé, le groupe ne portait vraisemblablement presque aucun vêtement. 

Désormais, ils achètent des jupes et t-shirts. Les populations Chut possèdent plusieurs dialectes dispersés avec la tribu lorsque différents sous-groupes se sont installés à travers la province, reconnue pour ses jungles montagneuses et ses grottes de calcaire. Leurs jupes sont similaires à celles des Bru Van Kieu, une autre ethnie vivant dans la même région ; toutefois, contrairement aux Bru, ils achètent des t-shirts Vietnamiens. 

Je ne pus rester avec les Chut que brièvement à cause de la zone de restrictions mais je prévois d’y retourner afin de rencontrer d’autres sous-groupes et en apprendre davantage sur leurs origines.

Population:
7,513 personnes (2019)

Lieux d’habitation: 
Les districts de Minh Hoa et Tuyen Hoa de la province de Quang Binh.

Autres noms:
Ruc, Sach, Arem, May, Ma Lieng, Tu Vang, Pa Leng, Xe Lang, To Hung, Cha Cu, Tac Cuc, Ymo, et Xa La Vang

Langage:
Vietic

Cor ethnic group in Vietnam by Rehahn

Cor

Ce costume traditionnel a sans doute été l’un des plus compliqués à obtenir. Il m’a fallu visiter une vingtaine de villages pour finalement croiser cette femme qui possédait la version originelle avec la jupe bleue que plus personne ne confectionne désormais. Vous avez donc sous les yeux une pièce unique de leur patrimoine. Les femmes le portent traditionnellement associé à des colliers de perles très fines dont les couleurs correspondent à celles du vêtement. J’étais ravi de découvrir le dynamisme du gouvernement de la province de Quảng Nam en matière de conservation et de valorisation de ses groupes ethniques. En effet, il possède plusieurs costumes Cor qu’il met à disposition des villages lors des festivals traditionnels. 

Par ailleurs, le rite de dressage du mât ornementé Cây Nêu, érigé à l’occasion des cérémonies, tout comme une série d’objets sacrés “Gu”, ont été classés sur la liste du Patrimoine Culturel Immatériel du Vietnam par le Ministère de la Culture, en 2015 ; le premier rite ancestral d’une minorité ethnique jamais protégé au Vietnam.

Population:
40,442 personnes (2019)

Lieux d’habitation: 
Les provinces de Quang Ngai et Quang Nam

Autres noms:
Cor, Col, Cua, et Trau

Langage:
Austroasiatic

Co Ho ethnic group in Vietnam by Rehahn

Co ho

Les Co Ho, aussi écrit K’Ho ou Koho, sont originaires de la province de Lam Dong dans les hauts plateaux du centre du Vietnam. J’ai visité les Co Ho pour la première fois en Août 2016 et j’y suis retourné plusieurs fois depuis. Je ne cesse d’être ébloui à chaque fois que j’aperçois leurs maisons colorées émergeant de la végétation des hauts plateaux. La plupart des Co Ho possèdent une version moderne de leur costume traditionnel et le porte à l’église tous les dimanches. Toutefois, selon le chef d’un village, ces traditions seraient tombées en disgrâce avec les plus jeunes générations, ainsi que les méthodes anciennes de création artisanale des costumes. 

En 2016, j’ai eu la chance de rencontrer une femme du nom de K’Long K’Ê. Agée de 101 ans et majestueuse matriarche de 11 enfants et 165 petits- et arrière-petits-enfants, elle était un lien vivant entre le passé et le futur du peuple Cơ Ho. Je l’ai prise en photo dans son costume traditionnel, qui était différent des nouvelles versions que j’avais vu. De la teinture indigo et des détails cousus à la main réhaussaient la robe de K’Long K’Ê, qu’elle portait drapée autour des ses épaules comme une couverture. 

Malheureusement, elle s’est éteinte en 2017 à l’âge de 102 ans. Lorsque j’ai visité son village afin de présenter mes hommages et de partager sa photo avec sa famille, j’ai reçu un don touchant et inattendu — la couverture faite à la main de K’Long K’Ê. Elle a transmis ce trésor ancien à sa fille qui a choisi de me le donner afin qu’il soit préservé dans notre Musée  le Precious Heritage avec la photo de la matriarche familiale. Elle nous a quitté, mais sa lignée et la beauté minutieuse de son costume traditionnel subsiste.

Population:
200,800 personnes (2019)

Lieux d’habitation:
La province de Lam Dong

Autres noms:
Sre, Nop, Co-don, Chil et Lach

Langage:
Austroasiatic

Co Lao ethnic group in Vietnam by Rehahn

Co lao

En 2013, ma première tentative de rencontre avec les Co Lao dans la région de Hoang Su Phi a été remplie d’aventures. Mon ami et moi ayant mené notre moto sur une route rurale, les locaux se mirent à rire et nous conseillèrent de ne pas continuer. Cependant, nous étions déterminés à trouver le village. La route nous mena vers des chemins de montagne pentus, puis à travers une cascade et pour finir, jusqu’à une impasse ! 

Nous nous retrouvions alors sur une descente de 30 degrés et seulement 1,20m de largeur, avec une tempête à l’approche. Je n’avais pas d’autre choix que de faire demi-tour en serrant les freins, de peur de dévaler la montagne ! Déçus, nous avions abandonné notre expédition. 

En 2015, je pus rencontrer les Co Lao en explorant la région de Dong Van. Une fois encore, les chemins de pierre me forcèrent à abandonner mon scooter et à continuer à pieds, mais cette fois-là, je fus capable d’atteindre le village. J’ai trouvé ce groupe ethnique passionné par sa culture et très amical, malgré son isolation dans les hautes montagnes. La femme de ce portrait est la seule personne du village possédant encore un costume complet.

En 2019, j’y suis retourné pour lui rendre visite. Elle a désormais quatre enfants et chacun d’entre eux possède un costume traditionnel. Elle fut ravie de recevoir en cadeau le livre du musée Precious Heritage et m’invita dans sa maison pour prendre le thé. J’appris que certaines personnes continuaient à reproduire le costume mais personne ne possède l’ancienne version aujourd’hui.

Population:
4,003 personnes (2019)

Location:
La province de Ha Giang

Autres noms:
Ke Lao, Tu Du, Ho Ki, Voa De

Langage:
Tai–Kadai

Cong ethnic group in Vietnam by Rehahn

Cong

J’ai rencontré les Cong lors d’un périple dans la région de Lai Chau en juillet 2017. Installés au Laos depuis des siècles où ils sont près de 40.000, quelques milliers ont migré au Vietnam où ils représentent la huitième plus petite ethnie du pays. Comme d’autre groupes, leurs villages ont été relocalisés ; un changement d’habitat qui a généré une perte de repères au point que leur culture a aujourd’hui quasiment disparue. 

Les informations sur leur groupe sont donc extrêmement limitées. S’ils cultivaient leur propre coton, ils n’ont jamais exercé le métier de tisserand. Ils revendaient leur matière première aux ethnies voisines auprès de qui ils se procuraient le produit fini. De fait, leur costume est très proche de celui des Thai. En revanche, ils démontrent une grande maîtrise de la vannerie à travers notamment la fabrication de paniers dorsaux soutenus par une sangle passée sur le front, et la confection de tapis. 

La femme du portrait, Ly Thi Thin âgée de 80 ans possède le dernier costume Cong. Elle m’a fait l’incroyable honneur de me le confier, afin de représenter leur culture, mais aussi de faire prendre conscience de l’urgence de préserver cet héritage auquel les plus jeunes sont souvent insensibles. Il existe d’autres villages auxquels je n’ai pas réussi à accéder, mais j’y retournerai et j’espère y trouver quelques éléments mieux préservés de leur histoire.

Population:
2,729 personnes (2019)

Lieux d’habitation:
Muong Te dans la province de Lai Chau

Autres noms:
Xa, Xa Cong, Xam Khong, Mang Nhe, et Xa Xeng

Langage:
Sino-Tibetan

Co Tu ethnic group in Vietnam by Rehahn

Co Tu

Les Co Tu sont divisés en 2 types : les Co Tu des plaines et les Co Tu des montagnes, les premiers vivant plus près des villes, les seconds, dans des villages isolés et éparpillés dans les forêts de la province de Quang Nam. Les Co Tu ont porté pendant des siècles des costumes fabriqués à partir d’écorce d’arbre, remplacé par l’habit actuel en coton, probablement dès le début du 20ème siècle. Trang, que j’ai rencontrée près de Prao, bénéficie du projet Giving Back. Elle est apparue dans Echappées Belles en juin 2016, alors que je retournais la voir pour lui offrir mon livre. Après ce reportage, plusieurs chaînes vietnamiennes sont allées à sa rencontre. 

De toutes les ethnies du Vietnam que j’ai rencontré, les Co Tu sont les plus dynamiques en terme de maintien de leur culture et des techniques traditionnelles. La province de Quang Nam et un programme FIDR japonais soutiennent plusieurs projets de valorisation dans leurs villages, situés à 2 heures d’Hoi An.

Population:
74,173 personnes (2019)

Lieux d’habitation:
Les provinces de Quang Nam et Thua Thien-Hue

Autres noms:
Gao, Ha, Phuong, et Ca Tang

Langage:
Austroasiatic

Dao ethnic group in Vietnam by Rehahn

Dao

Les Dao sont un groupe ethnique fascinant, composé de 9 sous-groupes, avec chacun leur propre costume cérémoniel, ce qui permet de les distinguer. La couleur de la coiffe et la manière dont elle est nouée, sont d’autres signes distinctifs de chaque sous-groupe. 

Les femmes Dao utilisent l’indigo pour teindre les tissus et la technique du batik pour créer les motifs de leurs tenues spectaculaires. J’ai rencontré cette Dao rouge (photo du haut) en 2012, dans le village de Tả Phìn. Le travail délicat de broderie et des perles de son costume traduit la patience mise dans la confection de chaque pièce du vêtement. 

Cette photographie a été prise dans sa cuisine. C’est l’une de mes favorites et lorsque je suis donc retourné la voir pour lui offrir une copie de mon livre, elle a eu la gentillesse de me montrer le processus de teinture à l’indigo. J’ai découvert les Dao noirs, près de Điện Biên Phủ, où j’ai rencontré ces trois fillettes vêtues du costume traditionnel sombre, toit comme beaucoup d’autres personnes dans le village.

Population:
891,151 personnes (2019)

Lieux d’habitation:
Les frontières sino-vietnamiennes et vietnamo-laotiennes, ainsi que dans certaines provinces du centre et des provinces côtières du nord du Vietnam.

Autres noms:
Dao Quan Trang, Dao Quan Chet, Dao Tien, Dao Thanh Y, Dao Do, Man, Dong, Trai, Xa, Diu Mien, Lim Mien, Lu Giang, Lan Ten, Dai Ban, Tieu Ban, Col Ngang, Col Mua et Son Dau

Langage:
Hmong–Mien

E De ethnic group in Vietnam by Rehahn

E De

Société matrilinéaire, les magnifiques maisons Ede se distinguent par leurs dimensions pouvant atteindre jusqu’à 100 mètres de long ! Peu à peu remplacées par des structures en béton, c’est l’organisation sociale ancestrale même qui disparaît. Avec la proximité des villes, leur culture et singularité tendent à s’estomper sous la pression de nouveaux modes de vie mais grâce à la culture de leur café, devenu très réputé, leurs conditions de vie se sont améliorées. 

J’ai rencontré les Ede à plusieurs reprises sans jamais trouver le costume original, jusqu’à mon séjour dans le secteur de Buon Ma Thuot, en octobre 2017. Chez la plupart des ethnies, la sobriété est de mise dans le costume masculin, comme pour valoriser la sophistication et la finesse des habits féminins. Mais chez les Ede, il est élégant et riche de détails. Le plastron rouge vif était traditionnellement réservé aux personnes de haut rang social, tandis que les manches courtes étaient la tenue usuelle. Porté lors des festivals, il continue d’être fabriqué et on le trouve même dans certaines échoppes à touristes.

Population:
398,671 personnes (2019)

Lieux d’habitation:
Les provinces de Dak Lak, Gia Lai, Khanh Hoa et Phu Yen

Autres noms:
Rade, De, Kpa Adham, Krung, Ktul, Dlie Rue, Bio, Epan, Mdhur et Bich

Langage:
Malayo-Polynesian

Giay ethnic group in Vietnam by Rehahn in Sapa

Giay

La population des Giay constitue l’une des plus petites ethnies du pays. Elle est originaire de Chine, mais s’est installée dans les régions septentrionales du Vietnam il y a environ 200 ans. J’ai rencontré plusieurs fois les Giay ces six dernières années dans les régions touristiques autour de Sa Pa où leur assimilation au peuple vietnamien est déjà bien avancée. C’est en 2018 que je suis parti à la recherche du costume traditionnel. Il m’a fallu parcourir plus de 2 heures en moto en direction des montagnes pour finalement le rencontrer. 

Le costume original des Giay était particulièrement sobre dans son uniformité noire, mais il est désormais quasiment impossible de le trouver. Depuis une quarantaine d’année, les choses ont bien changés et la couleur – particulièrement le bleu, très apprécié – s’est invitée sur des costumes d’allure très moderne. Auparavant, ces derniers étaient réalisés par les Giay à partir de pièces de coton, mais leurs nouveaux ensembles, qu’ils portent rarement, sont désormais confectionnés à l’extérieur à partir de tissus synthétiques. 

L’une des femmes Giay m’a raconté que ses enfants lui avaient demandé de bruler tous les vieux costumes pour faire de la place dans la maison ! Sìn Thị Rúm, 82 ans, l’a très gentiment revêtu pour la photo.

Population:
67,858 personnes (2019)

Lieux d’habitation:
Les provinces de Lao Cai, Ha Giang, Lai Chau et Cao Bang

Autres noms:
Nhang, Dang, Pau Thin, Pu Na, Cui Chu, et Xa

Langage:
Tai–Kadai

Jarai ethnic group in Vietnam by Rehahn

Jarai

La tribu Jarai est d’origine Austronésienne / Malayo-polynésienne et a une culture matrilinéaire, ce qui veut dire que leur lignage relève de la mère plutôt que du père. Ils vivent dans plusieurs provinces autour de Pleiku, une ville dans les hauts plateaux du centre du Vietnam. 

Les Jarai sont des travailleurs acharnés qui travaillent dans la forêt ou dans les plantations de café. Pendant la journée, il n’y a que les personnes âgées qui restent à la maison avec les enfants, donc je n’ai pas rencontré beaucoup de gens dans les villages lors de mes nombreuses visites. Cependant, je suis tombé sur cette femme qui était la seule dans le village encore capable de confectionner le costume traditionnel Jarai. Celui-ci est cousu de fil de broderie aux couleurs vives qui contraste avec le tissu indigo plus sobre.

Le costume exposé dans le musée Precious Heritage est une version plus ancienne qu’il est difficile de trouver de nos jours, parce que les Jarai préfèrent le style plus moderne.

Les aînés de la tribu ont fait part de leur tristesse de voir que les plus jeunes générations n’ont pas l’air d’entretenir beaucoup d’intérêt dans l’apprentissage du patrimoine artisanal Jarai. Cette ethnie est aussi connue pour les masques et sculptures en bois, tels que ceux exposés dans le musée. Ces éléments sculptés expriment dans des détails complexes l’expérience humaine, de la vie à la mort, et sont souvent utilisés lors de cérémonies consacrées à leur croyances ancestrales et rites funéraires. 

Population:
513,930 personnes (2019)

Lieux d’habitation:
Les provinces de Gia Lai, Kon Tum et Dak Lak

Autres noms:
Gia Rai, To Buan, Hobau, Hdrung, et Chor

Langage:
Malao-polynésien

Gie Trieng ethnic group in Vietnam by Rehahn

Les Gie Trieng

J’ai rencontré les Gie Trieng plusieurs fois aux alentours de Kon Tum dans les Hauts Plateaux du Centre du Vietnam. Récemment, j’ai découvert qu’il existait de nombreuses enclaves chez les Gie Trieng, comprenant des sous-groupes tels que la tribu Bnoong, située à environ trois heures de Hoi An. 

J’ai rencontré Madame Ho Thi Gon, 70 ans, dans un village Bnoong, aisni qu’un chef de village Gie Trieng. Le costume traditionnel des Gie Trieng se compose d’une jupe et d’un haut accompagnés de colliers faits de perles. Il comprend également des lacets portés autour de leurs chevilles. Au sein des femmes du village, la tradition de porter le costume est toujours d’actualité. Elles continuent de le revêtir lors des festivals et autres fêtes ; et à la fin de leurs vies, elles sont souvent enterrées avec. Chaque famille possède un costume mais elles ne le fabriquent plus. Elles les achètent aux Gie Trieng de Kon Tum.

J’ai été agréablement surpris d’apprendre que le gouvernement avait financé des recherches sur leur language et également publié des livres et dictionnaires. C’est encourageant de voir le soin apporté à la préservation de l’héritage culturel des Gie Trieng/ Bnoong.

Population:
63,322 personnes (2019)

Lieux d’habitation:
Les provinces de Kon Tum, Quang Nam et Dak Lak

Autres noms:
Dgich, Tareh, Giang Ray, Pin, Trieng, Treng Ta Lieng, Ve, La Ve, et Bnoong

Langage:
Austroasiatic

Hmong ethnic group in Vietnam by Rehahn

Hmong

Mon premier séjour à Sapa, en 2012, reste une expérience mémorable et j’y suis retourné 10 fois depuis. Les traditions H’Mông sont profondément ancrées dans leur culture, à l’instar de la couture, un savoir-faire transmis de génération en génération. A l’heure actuelle, les localités H’Mông comme Sapa sont devenues de hauts lieux touristiques, et la plupart des locaux a bien compris les opportunités offertes par cette industrie. Cette nouvelle manne financière a transformé et diversifié leurs modes de vie. L’une des particularités de cette culture vient du costume traditionnel qui continue à s’enrichir dans le temps, contrairement à ceux des autres ethnies qui ont cessé d’évoluer depuis une dizaine d’années. 

Les jeunes filles H’Mông apprennent à réaliser leur costume dès l’âge de 7 ans. Chacun d’entre-eux est réalisé à partir de chanvre puis teint à l’indigo avant de faire l’objet d’un gros travail de broderie personnalisé. Cette évolution permanente permet d’espérer un avenir plus serein à cette culture, alors que d’autres ethnies tendent à disparaître. 

Hang Thi Dinh, la femme de la photo, a 92 ans, mais lorsque je l’ai rencontré en mai 2018, j’ai eu l’impression qu’elle parlait et bougeait avec l’enthousiasme et le sens de l’humour d’une jeune fille pleine de vie ! Une rencontre extraordinaire. 

Population:
1,393,547 personnes (2019)

Lieux d’habitation:
Les provinces de Ha Giang, Tuyen Quang, Lao Cai, Yen Bai, Lai Chau, Son La, Cao Bang, et Nghe An

Autres noms:
 Mong, Mong Do, White Mong, Mong Lenh (Variety Mong), Mong Si (Red Mong), Mong Du (Black Mong), et Mong Sua (Man Mong)

Langage:
Hmong–Mien

Ha Nhi ethnic group in Vietnam by Rehahn

Ha Nhi

L’ethnie Ha Nhi serait composée de 2 sous-groupes : Ha Nhi Noir et Ha Nhi Fleur. Après une brève rencontre avec les Ha Nhi Noir en 2014, je les ai retrouvés en juillet 2017, lors d’un périple dans les régions montagneuses de Lai Chau et Lao Cai durant lequel j’ai aussi découvert un sous-groupe se proclamant Ha Nhi Rose sans qu’ils ne soient officiellement identifiés. 

Sur le plan architectural, les maisons sur pilotis des Ha Ni Rose sont construites à flanc de montagne tandis que celles des Ha Ni Noir, sans fenêtre ni aération sont faites en torchis dont les murs noircis, traduisent la rudesse de leurs conditions de vie. Je n’y ai d’ailleurs pas vu de personnes âgées hormis Pu Lo Ma, 89 ans et sa fille de 60 ans, doyennes du village qui, en m’invitant à partager le déjeuner ont révélé la nature accueillante des Ha Ni Noir, bien que austère au premier abord, du fait du peu de contact avec des étrangers. 

Le costume de coton indigo est l’un des plus sophistiqués du nord et les Ha Ni Noir consacrent jusqu’à 6 mois à sa confection, incluant l’incroyable coiffe dont les larges tresses sont faites de cheveux véritables. 

Dans les deux villages, tous portaient le costume, mais une fois encore, ce savoir-faire chronophage tend à disparaître et les femmes se procurent le tissu de moindre qualité directement en Chine toute proche. 

Population:
25,539 personnes (2019)

Lieux d’habitation:
Les provinces de Lai Chau et Lao Cai

Autres noms:
U Ni et Xa U Ni

Langage:
Sino-Tibetan

Hoa ethnic group in Vietnam by Rehahn

Les Hoa

Les Xa Phang, un sous-groupe de la tribu des Hoa, font partie de la diaspora Chinoise, et le chinois est encore leur langue maternelle. Leur village, qui se trouve dans la province de Dien Bien, est situé en retrait d’une vallée, qui est plutôt difficile d’accès. Il m’a fallu 2 heures de conduite pour parcourir 11 kilomètres afin d’atteindre le village. C’était la première fois que les Xa Phang voyaient un étranger. De ce fait, cela a pris un peu de temps avant de pouvoir les approcher. Après avoir conduit sur les routes difficiles, j’avais moi aussi besoin de temps pour me reposer. 

Les Xa Phang portent leur costume traditionnel et chaussures de tissu fabriquées à la main, tous les jours, même lorsqu’ils travaillent dans les champs, ce qui est rare pour un peuple tribal. J’avais déjà rencontré les Hoa dans d’autres provinces qui ne portaient plus leurs costumes, et donc il était exceptionnel de voir la façon dont les Xa Phang avaient préservé leur culture. 

Lorsque j’ai rencontré Madame Ly Tong Me, âgée de 92 ans, elle portait déjà son habit coloré, elle était un peu timide et avait des manières douces. Elle ne cessait de répéter qu’elle était trop vielle pour être prise en photo et cela l’amusait. Lorsque nous arrivâmes dans la vallée en fin d’après-midi, la lumière était atténuée par la montagne, j’ai dû alors attendre le bon moment afin que les derniers rayons apparaissent. Lorsque le soleil est sorti et a illuminé sa blouse chatoyante, j’ai su que je retournerais dans ce village authentique, qui m’a apporté tant d’inspiration. 

Population:
749,466 personnes (2019)

Lieux d’habitation:
Le Vietnam du nord au sud, dans les centres urbains et les régions rurales.

Autres noms:
Han et Xa Phang

Langage:
Sino-Tibetan

Hre ethnic group in Vietnam by Rehahn

Les Hre

Ils vivent dans des villages qui rassemblent jusqu’à 100 familles. J’ai rencontré les H’Rê de la province de Quảng Ngãi pour la première fois en 2013. A cette occasion, je n’ai croisé personne vêtu de l’habit traditionnel jusqu’à mon trajet retour vers Hội An, où sur le bord de la route, j’ai aperçu cette femme, portant le costume. 

Je suis retourné les voir en août 2016, pour explorer plus particulièrement les environs verdoyants de Ba Tơ. Là-bas, je n’ai trouvé qu’un village où quelques femmes continuent de produire l’habit en indigo orné de broderie, mais elles semblent sensibles à faire perdurer cette tradition. A l’heure actuelle, elles cousent chacune dans leur maison, mais elles espèrent à l’avenir construire un espace de travail commun pour pouvoir se réunir et transmettre leur savoir-faire. Alors que je visitais le village, j’ai eu l’impression que peu d’étrangers s’étaient aventurés jusque-là et les enfants semblaient quelque peu effrayés de voir un visage aux traits peu familiers.

Population:
149,460 personnes (2019)

Lieux d’habitation:
Les provinces de Quang Ngai et Binh Dinh

Autres noms:
Cham Re, Chom Kre, et Luy

Langage:
Austroasiatic

Khang ethnic group in Vietnam by Rehahn

Khang

Les Khang vivent dans la province de Son La à la frontière avec le Laos. La province abrite plus de 12 groupes ethniques divers, ce qui est peut-être, en partie, la raison pour laquelle plusieurs aspects de la culture convergent avec d’autres groupes plus dominant (en termes de population). L’héritage ethnique Thaï a eu une forte influence sur les Khang, et maintenant les similarités entre les deux groupes sont presque interchangeables. Leurs maisons, costumes et activités sont pratiquement les mêmes. 

Le peuple Khang parle encore leur langue indigène en plus de la langue Thaï. Beaucoup ne parlent pas le Vietnamien. Malgré la barrière linguistique, j’ai découvert qu’ils étaient très gentils et il a été facile d’entamer le dialogue. 

J’ai rencontré Madame Lo Thi Thang en Novembre 2018 alors qu’elle revenait de la jungle. Même à l’âge de 85 ans, elle était encore dehors à ramasser du bois. Elle posa volontiers pour moi, et avec l’aide du Chef du village pour la traduction, elle m’a dit qu’aucun d’entre eux n’avait jamais vu un costume Khang original. On ignore si le peuple Khang a déjà eu une manière traditionnelle de s’habiller qui leur est propre, ou s’ils ont toujours eu le même mode de vie que les Thaïs. Quoi qu’il en soit, le nouveau costume orné de couleurs vives et de rubans n’est pas le costume qu’ils auraient porté il y a cent ans. 

Population:
13 840 personnes (2019)

Lieux d’habitation:
Les provinces de Sóc Trăng, Trà Vinh, Cần Thơ, Kiên Giang et An Giang.

Autres noms:
Xa Khao, Xa Xua, Xa Don, Khang Huoc, Mkhang Hoc, Mkhang Ai, Ma-hang Beng, et Ma-hang Coi

Langage:
Austroasiatic

Khmer ethnic group in Vietnam by Rehahn

Khmer

Les Khmers Krom – littéralement Khmer d’en bas – vivent au Sud du Vietnam où ils constituent le deuxième groupe ethnique du delta du Mékong, derrière les Kinh. De manière générale, il est très rare de croiser le costume traditionnel des Khmers au quotidien. La jeune génération n’aime pas le porter et préfère s’habiller de vêtements d’apparence occidentale achetés au marché. 

Seules les femmes de plus de 50 ans continuent à le porter régulièrement pour aller au temple et se rasent les cheveux en signe de respect pour le Bouddha. Je n’ai visité qu’un seul village ou deux ou trois familles sont encore capables de le réaliser.  Pourtant, ce costume en soie est une véritable merveille, reproduisant dans ses motifs les images bouddhistes du temple. Auparavant les Khmers produisaient leur propre soie, mais ils l’achètent désormais aux vietnamiens. Si ils continuent à teindre les fils avec des poudres colorées, ces dernières ne viennent plus de la forêt, mais de Thaïlande. 

J’ai rencontré Neàng Phong, 83 ans sur la photo, il y a quelques années alors qu’elle cousait le costume traditionnel devant sa porte. Lorsque j’y suis retourné, elle m’a reconnu et je l’ai immortalisé sur cette belle image avec le costume.  

Population:
1,250,640 personnes (2019)

Lieux d’habitation:
Les Provinces de Soc Trang, Tra Vinh, Can Tho, Kien Giang, et An Giang

Autres noms:
Cur, Cul, Cu Tho, et Khmer Krom

Langage:
Austroasiatic

Kho Mu ethnic group in Vietnam by Rehahn

Kho Mu

J’ai croisé les Kho Mu à plusieurs reprises par hasard alors que j’étais à la recherche d’autres groupes ethniques, comme en 2014 alors que j’arpentais les vallées de la province de Dien Bien Phu en quête des Thai Noir, puis dans la région de Nghe An où j’essayais de retrouver les O’Du, le plus petit groupe ethnique du Vietnam. À cette époque, je n’avais trouvé que des villages Kho Mu entourés de villages Thaï, dont la culture avait fortement influencée celle des Kho Mu. 

Mais lors d’une nouvelle expédition en 2017, j’ai découvert un village plus isolé; un éloignement qui a permis à la culture Kho Mu de résister. Bien que l’on y entrevoit des ressemblances avec l’architecture Thaï, le village m’a semblé tel que je l’aurai trouvé aux origines de l’ethnie.

Quant au costume, la jupe emprunte aux codes de leurs voisins mais elle est accompagnée d’une veste bien typique aux Kho Mu. Sur le devant, le plastron en pièces d’argent, telle une armure, servait à les protéger et de manière dérivée, ils la considèrent comme un porte bonheur. J’ai le souvenir d’un accueil très chaleureux dans le village où j’ai eu la surprise d’observer les femmes fumer les petites pipes en bois, généralement typiques du centre. 

Population:
90,612 personnes (2019)

Lieux d’habitation:
Les provinces de Nghe An, Lai Chau, Son La, Thanh Hoa, et Yen Bai

Autres noms:
Xa Cau, Mun Xen, Pu Thenh, Tenh, et Tay Hay

Langage:
Austroasiatic

Ao Dai Vietnam

Kinh

Les Kinh, plus connus sous le nom de Viet, représentent le plus large groupe ethnique du Vietnam, ils constituent 85.7% de la population nationale. Les Kinh résident dans toutes les provinces du Vietnam et parlent le Vietnamien, même si le dialecte peut changer considérablement d’une région à l’autre. Dans la majorité des provinces, les Kinh représentent le groupe ethnique principal, cependant, dans certaines régions montagneuses du nord telles que le Hoa Binh, Son La, et Cao Bang, où l’on retrouve une grande diversité de groupes tribaux, les Kinh représentent en fait la minorité. 

Je vis avec les Kinh depuis 2011 lorsque j’ai emménagé à Hoi An avec ma famille. J’ai choisi le Ao Dai pour les représenter car sa beauté emblématique est véritablement symbolique du Vietnam.  Ces deux photos sont devenues mondialement connues, faisant d’elles les images les plus reconnaissables du Vietnam moderne de cette décennie. J’interagis avec les Kinh tous les jours, et je ne manque jamais d’être inspiré lors des jours de fêtes au Vietnam, lorsqu’ils portent leur costume national.

Certains sont faits à la main, beaucoup ne le sont pas. Ils peuvent être simples ou ornés de broderies, faits de coton ou de soie, portés par des hommes, des femmes et des enfants, mais le trait unifiant est la forme élancée de leur tunique portée sur des pantalons amples. 

Population:
82,085,826 personnes (2019)

Lieux d’habitation:
Toutes les provinces du Vietnam

Autres noms:
Viet

Langage:
Vietic

La Chi ethnic group in Vietnam by Rehahn

Les La Chi

Les La Chi sont des artisans pleins de ressources. Les femmes ont des compétences en tissage, teinture et broderie. Les hommes sont d’excellents bâtisseurs et fabriquent des objets de la maison à partir de rotin et bambou. Les maisons La Chi sont habituellement construites sur pilotis et entourées d’épais murs d’argile. Leur costume est simple et élégant. Peu de femmes portaient leurs vêtements traditionnels dans le village. Cependant, j’étais surpris de rencontrer un homme de 78 ans, Lung Leo Pho, entièrement vêtu de son costume. Il était en train de fabriquer des pipes à eau et se montrait très amical avec moi.

En 2019, j’ai décidé de me rendre dans un village encore plus reculé. La tribu La Chi est l’un des rares groupes ethniques qui continuent à cultiver le coton pour leurs tenues traditionnelles. Lorsque je suis arrivé dans le village La Chi à Hoang Su Phi, je vis des groupes de femmes assises par terre à préparer le coton. Autour d’elles, les enfants jouaient avec les pelotes de coton. On m’apprit qu’elles se rencontraient pour cette activité une seule fois par semaine, j’étais donc très chanceux d’arriver ce jour là. Les La Chi de cette région rencontrent rarement des touristes et, par conséquent, sont très timides. 

Des 54 groupes ethniques, ils sont probablement le groupe le plus difficile à approcher. Toutefois, avec de la patience, je fus invité à venir partager le thé avec des personnes âgées dans 3 familles.

Population:
15,126 personnes (2019)

Location:
Les provinces de Ha Giang et  Lao Cai

Autres noms:
Black Tho, Mán, Xá, Cu Te et La Qua

Langage:
Tai–Kadai

La Ha ethnic group in Vietnam by Rehahn

Les La Ha

L’ethnie La Ha est d’origine Austro-Asiatique, c’est un groupe d’environ 8.177 personnes (en 2009). Leur village est situé au cœur des montagnes de la province de Son La et il m’a fallu deux heures de conduite pour les trouver. La région se trouve dans une zone restreinte et je fus arrêté par la police locale après seulement quelques minutes dans le territoire. Heureusement, j’avais la permission qui m’a été délivrée par le gouvernement de Hanoi. Mais même avec les documents nécessaires, on m’a demandé de ne pas rester longtemps. 

Bien que la tribu des La Ha ait été fortement influencée par le peuple Thaï, ils parlent encore leur langue native La Ha dans les montagnes. Tandis, que dans les plaines, j’ai rencontré des La Ha qui étaient incapables de parler leur langue native et étaient tristes d’avoir perdu cette partie de leur héritage. Ils m’ont dit souhaiter réapprendre leur langue pour la transmettre à leurs enfants. 

Madame Quang Thi La était déjà habillée de son costume traditionnel à mon arrivée. Son costume, ainsi que tous les autres dans le village, ont été achetés au peuple Thaï. Elle m’a dit être prête pour aller à une « fête », et avec ses cheveux serrés, attachés dans un chignon, elle avait certainement de l’allure. Lorsque je lui ai demandé son âge, elle a souri et insistât qu’elle n’avait que 16 ans. En réalité, elle était née en 1952 ce qui lui faisait 66 ans. Son esprit vif, et sa bonne humeur font d’elle un sujet mémorable à photographier. 

Population:
10,157 personnes (2019)

Lieux d’habitation:
Les provinces de Son La et Lao Cai

Autres noms:
Xa Cha, Xá Bung, Xá Khao, Xá Táu Nha, Xá Pojoong, Xá Uong, Bu Hà, Pua, Phlao, Xa Khan, et Khla

Langage:
Tai–Kadai

La Hu ethnic group in Vietnam by Rehahn

Les La Hu

Selon la légende, les La Hủ – dont le nom signifierait « aussi puissant qu’un tigre » – étaient d’excellents chasseurs de félins. Ils n’ont pas de langue écrite et la plupart d’entre-eux ne parlent pas le vietnamien, ce qui nous oblige à faire appel à un jeune interprète local. L’histoire raconte qu’un groupe d’érudits auraient rédigé le langage originel sur des gâteaux de riz, mais que la langue aurait disparue lorsque, affamés, ils les auraient dévorés.

J’ai eu l’opportunité de visiter les La Hủ en juillet 2014. Le souvenir de cette rencontre est teinté de joie et de douleur. De joie, car j’ai eu la chance de capturer ce portrait magnifique de Lý Cà Sư, 91 ans à l’époque. De douleur et de déception car j’ai dû écourter mon séjour parmi les La Hủ suite à un stupide accident de moto durant lequel je me suis foulé la cheville. Revenu sans costume, immobilisé pendant 3 semaines et frustré d’être passé à côté de cette expérience, j’étais obsédé par le désir de repartir à la rencontre des La Hủ. 

Je suis finalement retourné voir Lý Cà Sư 3 ans plus tard. C’est à cette occasion qu’elle m’a confié l’un de ses costumes, que vous pouvez désormais admirer dans notre musée.

Population:
12,113 personnes (2019)

Lieux d’habitation:
La province de Lai Chau

Autres noms:
Xa La Vang, Co Rung, Khu Sung, et Kha Quy

Langage:
Sino-Tibetan

Lao ethnic group in Vietnam by Rehahn

Lao

La tribu Lao de la province de Dien Bien est originaire du Laos. Leur langue indigène ressemble beaucoup au Laotien avec une légère différence. Dans le passé, ils cultivaient le coton et l’indigo pour tisser et teindre le tissu utilisé pour la confection de leurs vêtements. Aujourd’hui, ils achètent leur tissu, alors que les aînés du village continuent de tisser et de broder leur brocart décoratif à la main. Les plus jeunes générations préfèrent acheter les costumes qu’ils portent pour les célébrations au Laos, au lieu de poursuivre les méthodes traditionnelles de leurs mères et de leurs grand-mères. 

Je fus surpris par le nombre de femmes dans le village qui avaient plus de 100 ans et étaient encore en bonne santé, surtout si l’on considère qu’elles fument la pipe régulièrement. J’ai même rencontré une femme de 109 ans ! 

Madame Lo Thi Banh, âgée de 94 ans, fut mon sujet préféré, riant à la nouveauté d’être photographiée alors qu’elle fumait. Comme les autres femmes de sa génération, elle portait des petites boucles d’oreilles en argent pour étirer ses oreilles. Ce village a l’air d’être le dernier où les costumes se font encore avec les techniques d’antan. Les Lao des autres régions portent typiquement des costumes faits par la tribu Lu. Jusqu’au jour où j’ai découvert ce village, je ne pensais pas que les Lao avaient un costume ethnique distinct, et je fus agréablement surpris de constater que ce village était totalement différent des autres. 

Population:
17,532 personnes (2019)

Location:
Les provinces de Dien Bien, Lai Chau et Son La

Autres noms:
Lao Boc et Lao Noi

Langage:
Tai–Kadai

Lo Lo ethnic group in Vietnam by Rehahn

Lo Lo

Les Lo Lo sont divisés en 3 sous-groupes : les Fleur, les Rouge et les Noir. Ces deux derniers groupes tirent leur nom de la couleur principale de leurs vêtements, tandis que le premier se nomme ainsi d’après les centaines de petits triangles de tissu individuellement cousus sur leurs tuniques afin de créer une mosaïque colorée. En 2013, ma première expédition à la rencontre des Lo Lo Noir, me mena à Bao Lac. Lors de cette visite, je vis de nombreuses femmes porter des costumes traditionnels. 

Deux ans plus tard, il parut déjà évident que moins de personnes les portaient. Cette photographie d’un costume en lambeaux autour de ces mains et ces pieds pleins de sagesse représente le déclin de leur ancienne culture. En contraste, les Lo Lo Fleur, aussi connus sous le nom de Lo Lo Hoa, continuent de fabriquer leur costume traditionnel. Considéré comme l’un des plus délicats du Vietnam, il est également le plus cher, valant environ 1200 USD. La raison? Le costume est couvert de centaines de triangles en appliqué et cela nécessite 2 heures d’en coudre 5! Cela peut prendre près d’une année de fabriquer le costume entier ! 

Mon portrait de Pho a été capturé en 2014, lorsqu’elle avait tout juste 17 ans. Je l’ai rencontrée à nouveau en 2019, et découvris qu’elle avait désormais 2 enfants. Sa fille Nhi de 4 ans était ravie de la présence de l’appareil photo et heureuse de poser dans son costume traditionnel. Je restai toute la matinée avec la famille et décidai de les inclure dans mon Giving Back Project.

Population:
4,827 personnes (2019)

Lieux d’habitation:
Les provinces de Ha Giang, Cao Bang et Lao Cai

Autres noms:
Mun Di, Lo Lo Fleurs, et Lo Lo noirs

Langage:
Sino-Tibetan

Lu ethnic group in Vietnam by Rehahn

Lu

“Pourquoi n’es-tu pas venu quand j’étais encore jeune et belle?”. Les mots de Lò Vân Báu, la doyenne du village âgée de 93 ans, résonnent encore à mes oreilles. Révélateurs d’une pensée partagée au-delà des frontières et des cultures, elle représente pourtant le genre de beauté qui continue d’inspirer mon projet Ageless Beauty

J’ai rencontré les Lu en juillet 2017 dans le secteur de Lai Chau, où ils vivent dans l’un des villages parmi les mieux préservés que j’ai visité. L’atmosphère y est sereine et joyeuse, les maisons traditionnelles sur pilotis sont intactes, et chaque foyer continue de fabriquer son costume y compris les jeunes femmes. La passion des Lu pour leur culture est évidente et ils ont développé de l’éco-tourisme qui, je le crois, participe positivement à sa préservation. 

Le costume dont la jupe au moins est portée au quotidien, est fait de cotonnade indigo décorée de broderies vives. La veste adopte une forme évasée qui se ressert à la taille, à la fois féminine et sophistiquée. La coiffe distinctive est en fait une écharpe nouée du côté gauche du visage. Elle est aujourd’hui réservée aux occasions spéciales car elle demeure extrêmement longue et complexe à mettre en place. Quant aux boucles d’oreilles, elles assurent santé et longévité, aussi les femmes les portent elles dès le plus jeune et les gardent à vie.

Population:
6,757 personnes (2019)

Lieux d’habitation:
La province de Lai Chau

Autres noms:
Nhuon et Duon

Langage:
Tai–Kadai

Ma ethnic group in Vietnam by Rehahn

Ma

Lorsque les villages ethniques, auparavant isolés, sont absorbés par le développement urbain, les modes de vie occidentalisés prennent le dessus sur les traditions ancestrales locales. Il m’a semblé que c’était le cas pour les Ma que j’avais rencontré une première fois en 2014 sans trouver de villages dotés du costume. 

En mai 2017, j’ai croisé le chemin d’une Ma de 40 ans environ, avide de me faire découvrir sa culture et des villages plus authentiques. Elle m’a demandé d’immortaliser notre rencontre, et preuve de l’omniprésence du monde moderne même chez les ethnies, elle m’a proposé de lui faire parvenir la photo via Facebook, auquel elle se connecte lors de sa visite hebdomadaire en ville. Puis elle m’a mené dans un village perdu où j’ai rencontré K’ Măng, une de ces femmes solaires, à l’énergie inépuisable et à l’humour déconcertant. “Prend soin de ta santé ces prochaines années” je lui dis, sur le départ. Elle m’a alors assuré qu’elle attendrait mon retour avant de mourir… 

Quelques heures auparavant, elle me montrait amusée, son extrait de naissance, révélant ses vénérables 103 bougies !   

Le costume blanc des Ma a été remplacé par un habit noir, aux détails bariolés, mais il n’en existe quasiment plus et  les parents, conscients du déclin de leurs traditions, enseignent leur culture et la langue à leurs enfants

Population:
50,322 personnes (2019)

Lieux d’habitation:
Province de Lam Dong

Autres noms:
Chau Ma, Ma Xop, Ma To, Ma Krung, et Ma Ngan

Langage:
Austroasiatic

Mang ethnic group in Vietnam by Rehahn

Mang

Les Mang n’ont pas de langage écrit, mais selon les ethnologues, ils constituent une tribu autochtone de l’extrême nord-ouest du Vietnam. Longtemps nomades, d’où leur surnom de “vagabonds”, ils se sont sédentarisés à partir de 1945 et vivent à la frontière chinoise, dans des villages parmi les plus pauvres que j’ai jamais croisés. Traditionnellement installés près d’une source d’eau pour la praticité au quotidien, ils ont été relocalisés, comme d’autres groupes ethniques. Et si cette politique de déplacement leur a permis de bénéficier de maisons neuves, elle a aussi généré une perte de repères culturels. Leurs maisons sur pilotis subsistent mais sont petit à petit remplacées par des structures en béton. 

L’habit coutumier n’est plus fabriqué et les Mang vivent désormais coupés du monde, dans des régions montagneuses et à plus d’une heure de marche de la première rivière. Je les ai retrouvés en juillet 2017. Timides à mon arrivée, et pour cause, la plupart n’avaient jamais vu d’étranger, ils se sont avérés très accueillants. 

La femme du portrait, presque aveugle, était extrêmement touchante. Elle possédait deux costumes. Tristement, la jeune génération juge la tenue composée d’une veste décorée de pièces d’argent et d’un tissu épais enroulé autour de la poitrine, laide et trop compliquée à fabriquer.

Population:
4,650 personnes (2019)

Lieux d’habitation:
Provinces de Lai Chau et Dien Bien

Autres noms:
Mang U et Xa La Vang

Langage:
Austroasiatic

Mnong ethnic group in Vietnam by Rehahn

Mnong

J’ai rencontré les Mnong dans deux régions du Vietnam. Les Mnông de la région de Binh Phuoc à quelques heures d’Ho Chi Minh et ceux de la province de Dak Lak dans les hauts-plateaux que j’ai régulièrement visité entre 2011 et 2018. Ces derniers cultivent une spécificité unique au Vietnam : leur relation privilégiée avec les éléphants, totalement ignorée par les Mnông de Binh Phuoc. Les Mnông de Dak Lak capturent ainsi les pachydermes pour les dompter pendant plusieurs mois avant de les introduire dans le village au cours d’une cérémonie qui en font des membres à part entière de la communauté. 

A partir de ce moment crucial qui tient lieu d’adoption par le groupe, les éléphants participent à toutes les activités du village et suivent les mêmes règles que celles qui sont appliquées aux humains. Ces dernières années, cette relation privilégiée disparaît rapidement et le nombre d’éléphant a drastiquement diminué au point qu’il n’en restait que deux dans le village que j’ai visité. Seuls ceux qui possèdent un pachyderme continuent à perpétuer cette culture, désormais ignorée par le reste des villageois. 

Fasciné par cette relation exceptionnelle, je prépare actuellement un livre avec un ethnologue pour documenter, pendant qu’il en est encore temps, les cérémonies et les croyances qui lient depuis des siècles les Mnong et les éléphants.

Population:
127,334 personnes (2019)

Lieux d’habitation:
Provinces de Dak Lak, Dak Nong, Lam Dong et Binh Phuoc

Autres noms:
Bru Dang, Preh, Ger, Nong, Prang, PJam, Kuyenh, Chil Bu Nor, et M’Nong Bu Dang

Langage:
Austroasiatic

muong ethnic group vietnam by rehahn

Les Muong

Constituée de près d’1,3 million de personnes, l’ethnie des Muong est le 3ème plus grand groupe du Vietnam. Dès l’origine, elle fut très proche ethniquement et linguistiquement des Kinh, partageant jusqu’à 75% de leur vocabulaire. Au moment de la sinisation du pays, les Muong, établis dans les provinces montagneuses de Hoa Binh et Thanh Hoa, furent très peu influencés par la culture chinoise, ce qui leur vaut souvent d’être considérés comme les uniques descendants des premiers Viet.

Giang Mo, le petit village où je les ai rencontrés en juin 2017, est organisé autour des maisons traditionnelles sur pilotis. Dinh Thi Chi, âgée de 80 ans, portait le costume et fumait sa pipe en bambou lors de mon arrivée. Une vision que j’imagine de plus en plus rare dans ce village, aujourd’hui devenu touristique. Chez les Muong, la simplicité apparente de la jupe noire et de la veste courte contraste avec la finesse des détails. La ceinture, le yếm – pièce de tissu à porter sur la poitrine – et la bordure de la jupe en brocatelle de coton révèlent le talent de tisserand des femmes Muong. 

Un savoir-faire autrefois considéré comme essentiel à bonne épouse. Elles piochent parmi un répertoire de plus de 40 symboles; dont le dragon, réservé à la noblesse, souvenir de l’ancien système féodal. 

Population:
1,452,095 personnes (2019)

Lieux d’habitation:
Provinces de Hoa Binh et Thanh Hoa

Autres noms:
Mol, Mual, Mul, et Mon

Langage:
Vietic

Ngai ethnic group in Vietnam by Rehahn

Les Ngai

Les Ngai vivent principalement dans la province de Thai Nguyen, dans le nord-est du Vietnam. Leur culture semble évoluer rapidement. Les jeunes ne parlent plus la langue issue du chinois. Certains villageois déclarèrent vouloir commencer des cours d’enseignement de leur langue à leurs enfants mais ils ne disposaient pas des infrastructures nécessaires. La dernière de leurs maisons traditionnelles fut détruite une semaine avant mon arrivée pour être remplacée par des maisons modernes. Je regrette de ne pas avoir pu commencer ce projet plus tôt. Il ne reste plus que 1000 Ngai au Vietnam et il est peu plausible que leur patrimoine soit préservé ailleurs. 

Une femme nommée Mme Hau est la dernière personne du village à pouvoir confectionner le costume. Les costumes Ngai sont teints avec de l’indigo ou d’autres plantes qui donnent au tissu acheté une teinte vert foncé ou même noir. Les vêtements sont enterrés avec sa propriétaire lors de son décès.

Tham Thi Keo, âgée de 87 ans, porta pour son portrait  le dernier costume présent dans son village. Elle avait un grand sens de l’humour et plaisanta avec moi sur le fait qu’elle n’avait pas de dents… pour le moment.

Population:
1,649 personnes (2019)

Lieux d’habitation:
Provinces de Quang Ninh, Bac Ninh, Cao Bang et Thai Nguyen

Autres noms:
Ngai Hac Ca, Lau Man, He, Sin, Dan, et Le

Langage:
Sino-Tibetan

Nung ethnic group in Vietnam by Rehahn

Les Nung

En 2015, je rencontrai Lu Da Sin, 70 ans, au marché incroyablement vivant de Hoang Su Phi. Ce fut une expérience pleine de légèreté. Ses amis trouvaient l’idée de la prendre en photo plutôt comique et nous nous mettions à rire tous ensemble. Plus tard, je remarquai une marée de femmes portant leur costume traditionnel sur le marché. Il se dit que les femmes Nung portent 12 couleurs différentes correspondant à chaque mois de l’année. Leur tenue se compose d’une veste délicatement accessoirisée de boutons argentés, de bijoux et de broderies complexes. L’argent est porté au profit de leur santé. Il aurait pour fonction de mesurer l’état de santé.

Je suis retourné rendre visite à Lu Da Sin en 2019, mais l’ayant rencontrée au marché, la retrouver fut une mission. Je rencontrai un homme Nung déclarant pouvoir me mener chez elle. Il affirma que nous avions seulement besoin de marcher un petit peu, mais au final, nous nous sommes retrouvés à arpenter une montagne pendant plus d’un kilomètre sous une chaleur de 40 degrés ! Lorsque nous sommes enfin arrivés, Madame Sin était très heureuse de recevoir une copie du livre du musée Precious Heritage faisant figurer son portrait. Elle ne parlait qu’un petit peu vietnamien mais malgré ses difficultés à communiquer avec nous, elle me proposa de rester déjeuner. 

Les Nung continuent de porter leurs costumes traditionnels régulièrement. J’étais impressionné de voir des personnes portant leur costume dans le village ainsi que dans les rizières.

Population:
1,083,298 personnes (2019)

Lieux d’habitation:
Provinces de Lang Son, Cao Bang, Bac Thai, Bac Giang, Bac Ninh, et Tuyen Quang

Autres noms:
Xuong, Giang, Nung An, Nung Coi, Phan Sinh, Nung Chao, Nung Inh, Qui Rin, Nung Din, et Khen Lai

Langage:
Tai–Kadai

rehahn-vietnam-portrait-fine-art-photography-O-Du-ethnic

O Du

En Juillet 2016, j’ai eu le privilège de rencontrer le plus petit groupe ethnique du Vietnam. Sans aucune information disponible sur internet, il m’a fallu deux jours pour les trouver ! J’appris que seulement 10 personnes dans le village pouvaient encore parler le dialecte original appelé Phrom, toutes étant âgées de plus de 70 ans. Malheureusement, aucune n’est capable de le lire ou de l’écrire, rendant la langue difficile  à apprendre. Certaines personnes âgées ont tenté de l’enseigner mais ont cessé après quelques semaines en raison du manque de participation. 

J’ai reçu un costume, porté dans ce portrait par Vi Thi Dung, 78 ans, la dernière personne à fabriquer la jupe dans le village. Lorsque j’y suis retourné en 2019, la nouvelle chef m’a expliqué avoir rencontré une femme qui possède encore un costume original complet. Certaines des femmes de ce village ont essayé de le reproduire. Le style de tissage et les motifs sont très similaires à ceux de l’ethnie des Thai. La chef m’a confié une de ses répliques pour le Musée Precious Heritage. La raison pour laquelle la culture O Du possède de nombreuses influences venues d’autres groupes ethniques s’explique en partie par le fait qu’ils ne se marient pas entre eux. 

Ils ont une croyance selon laquelle ils font tous partie de la même famille, c’est pourquoi ils choisissent des époux venus d’autres groupes de la région. 

Les enfants du village portent leur costume traditionnel à l’école tous les lundis, une manière de préserver leur héritage culturel.

Population:
428 personnes (2019)

Lieux d’habitation:
Province de Nghe An

Autres noms:
Tay Hat

Langage:
Austroasiatic

Pa Then ethnic group in Vietnam by Rehahn

Pa then

Je  rendis visite aux Pa Then en 2015 après un trek difficile. Lorsque finalement je les découvris, je fus émerveillé par la beauté de ce  costume élaboré, préservé dans le village. En février 2019, je décidai de rendre visite aux Pa Then de la province de Tuyen Quang et fus intrigué par l’existence d’écoles dans lesquelles les élèves devaient porter leur costume traditionnel tous les lundis avec à l’esprit la volonté de faire vivre la tradition culturelle en la léguant à la jeunesse. Huong, la fillette de 8 ans sur cette photo, fut ravie de revêtir sa tenue pour son portrait. Le costume est extrêmement complexe  ( le chapeau peut à lui seul nécessiter 30 minutes pour être roulé!). 

Le père de Huong et son ami furent totalement perdus alors qu’ils essayaient de l’habiller. Tous les trois ont ri tout le temps.

Il ne reste plus que deux personnes dans le village encore capable de tisser le tissu nécessaire à la confection de leur costume inspiré d’une fleur. La culture de ce village Pa Then était vivante à l’inverse  de ce que j’avais pu voir auparavant, probablement parce que les enfants portent leurs costumes régulièrement. Je pense que cela représente une réelle différence dans la préservation de cette partie de leur patrimoine.

Population:
8,248 personnes (2019)

Location:
Provinces de Ha Giang et Tuyen Quang

Autres noms:
Pa Hung et Tong

Langage:
Hmong–Mien

Phu La ethnic group in Vietnam by Rehahn

Phu La

Les villages Phù Lá sont généralement organisés autour de 10 ou 15 foyers. Le chef de la localité et les anciens y jouent un rôle central dans la gestion des affaires courantes. J’ai visité cette ethnie dans un village du nord, près de Bắc Hà en 2015 ; une expérience complexe à différents niveaux. La route pour atteindre la bourgade était extrêmement dangereuse, parfois même intimidante. Une fois arrivé, les locaux m’ont semblé distants et il m’a été difficile de créer une connexion avec eux. 

J’ai essayé d’en apprendre plus sur leur costume traditionnel pour tristement découvrir qu’il n’est plus fabriqué dans ce village. Pourtant, alors que je déambulais dans les environs, j’ai rencontré cette mère et sa fille, avenantes et visiblement curieuses, ravies de prendre la pose. Son chapeau au bleu intense et à la broderie raffinée est exposé dans le cabinet. À noter que j’ai rencontré un sous groupe des Phù Là depuis dans la région de Sa Pa, les Xa Pho, dont le costume est totalement différent, affaire à suivre !

Population:
12,471 personnes (2019)

Lieux d’habitation:
Provinces de Lai Chau, Son La, Lao Cai, et Ha Giang

Autres noms:
Xa Pho, Bo Kho Pa, Mu Di Pa, Pho, Va Xo, et La Dun Dang

Langage:
Sino-Tibetan

Pu Peo ethnic group in Vietnam by Rehahn

Pu Peo

Lors de ma première expédition en 2015, il m’a fallu une journée entière pour retrouver le village des Pu Peo, situé près de la frontière chinoise. Lorsque j’arrivai enfin, les autorités me demandèrent de repartir après seulement 25 minutes ! 

Je pus quand même capturer cette photographie de Giang Chan Lan, une saisissante femme de 83 ans et la personne la plus âgée du village. Elle portait une paire de chaussures faites à la main qu’elle possède depuis plus de 65 ans ! Elle m’expliqua qu’elle les portait seulement lors d’occasions spéciales. Les couleurs principales des costumes Pu Peo sont le rouge et le bleu. Le rouge représenterait le respect de la femme envers l’homme et le bleu honorerait la femme. Ils cousent des morceaux de tissu colorés sur leurs vêtements plutôt que de les broder ou les tisser. Je me sens chanceux d’avoir capturé ce cliché, au vu du peu de temps que j’avais. 

En 2019, je suis retourné au village et ne rencontrai aucune méfiance. J’eus le temps d’en apprendre plus sur la culture et appris que, malheureusement, plus personne n’avait de costume complet. De nombreux costumes étaient achetés à l’extérieur du village. Madame Lan, désormais 87 ans, fut contente de recevoir un exemplaire du livre du musée Precious Heritage. Après avoir admiré son portrait, elle me déclara timidement que je pouvais revenir le lendemain afin qu’elle ait le temps de préparer son costume partiel. Lorsque je revins, elle prit la pose pour un nouveau portrait, et j’eus également le temps de rencontrer d’autres villageois qui étaient tout aussi amicaux.

Population:
903 personnes (2019)

Lieux d’habitation:
Province  de Ha Giang

Autres noms:
Ka Beo, Penti, et Lo Lo

Langage:
Tai–Kadai

Raglai ethnic group in Vietnam by Rehahn

Raglai

Les Raglai ont toujours été une ethnie sédentaire. Je suis parti à leur recherche en Octobre 2017. À seulement quelques heures de la rutilante station balnéaire de Nha Trang, leur village isolé dans les montagnes, organisé autour de maisons en bois sur pilotis et aux toits de chaume, offre un contraste saisissant, bien que le béton vienne petit à petit remplacer les matériaux naturels traditionnels. Cette rencontre a probablement été l’une des plus poignantes dans ma recherche des 54 ethnies. 

J’ai plusieurs fois fait face à la difficulté de trouver un costume traditionnel, généralement à cause du désintérêt de la jeune génération pour un habit jugé trop long à fabriquer ou inapproprié aux nouveaux modes de vie. Mais dans le cas des Raglai, la raison est autrement plus complexe et symptomatique de la difficile relation entre minorité ethnique et unité nationale. 

Après la guerre, un grand nombre d’entre eux a décidé de brûler leur costume, reniant leur singularité afin de se fondre dans la majorité Kinh. De fait, le costume – originellement fait de brocatelle – a quasiment disparu, remplacé par de simples sarongs unis, voire des vêtements Kinh. Le chef du village a d’ailleurs exprimé son inquiétude quant à l’avenir et à la reconnaissance de sa culture, un sentiment partagé par Pi Năng Thị Xea (85 ans) qui m’a confié son costume.

Population:
146,613 personnes (2019)

Location:
Provinces de Khanh Hoa et Ninh Thuan

Autres noms:
Ra Glay, Krai, Orang Glai, No-Ana, et La Vang

Langage:
Malayo-Polynesian

Ro Mam ethnic group in Vietnam by Rehahn

Ro Mam

Rencontrer les Rơ Mam a été épique et de loin une expérience des plus intenses. Après 3 ans d’attente pour obtenir l’autorisation et grâce aux efforts de la chaîne nationale VTV1, j’ai finalement pu accéder à la bourgade située dans une zone réglementée, à seulement 20 km de la frontière cambodgienne, en novembre 2016. Accompagné par l’équipe télé, présente pour capturer cette rencontre inédite, il nous a fallu 3.5 heures pour parcourir les 51 km qui séparent Mô Rai de la ville la plus proche ! Et on peut penser qu’aucun étranger n’y ait été autorisé depuis la guerre.

À l’heure actuelle, il ne leur reste que 12 costumes ethniques, et j’ai eu l’honneur d’en recevoir un, accompagné d’une pipe et d’un panier traditionnel pour donner à voir la culture des Rơ Măm dans la galerie. J’ai été invité à déjeuner avec le chef du village, qui m’a présenté cet élégant ensemble tandis que la femme du portrait a accepté de prendre la pose pour la mémoire. Les 11 habits restants sont conservés comme de véritables trésors par les Ro Mam, bien conscients que plus personne ne le fabrique.

Population:
639 personnes (2019)

Lieux d’habitation:
Province de Kon Tum

Autres noms:
Ro Mam Ale

Langage:
Austroasiatic

San Chay ethnic group in Vietnam by Rehahn

Les Cao Lan

J’ai trouvé les Cao Lan lors d’une expédition en Novembre 2017 dans la province montagneuse de Yen Bai, au nord-est du pays. En route, j’ai par hasard rencontré le chef du village de Tan Huong. Âgé de 85 ans, Lý Tiến Sinh exerce ce statut depuis plus de 20 ans et il peut lire, parler et écrire le nôm ou sino-vietnamien, calligraphie dominante jusqu’à l’introduction des caractères latin.

Après avoir exploré ensemble sa magnifique collection de manuscrits, il m’a offert un poème, une ode à l’amour, confirmant la réputation de romantiques des Cao Lan, dont la poésie et les chants folkloriques, – scandés lors de concours de sinh ca -, font la fierté des Cao Lan et ont été reconnus au patrimoine immatériel national. 

La femme du portrait, son épouse, elle aussi âgée de 85 ans, était d’une extrême douceur. Le costume qu’elle revêt est la version d’après-guerre, quand la couleur traditionnelle indigo a été abandonnée au profit du rouge et du noir et porté avec des bijoux en argent aux formes épurées. Moins sophistiqué que celui de leurs voisins, il demeure néanmoins élégant avec ses détails colorés comme à l’encolure. Il n’est plus porté que pour les occasions spéciales, tandis que le turban original a complètement disparu. 

Nguyen Thi Hong Nhung, du haut de ses 13 ans est pourtant une fière représentante de la culture Cao Lan, perpétuant les chants et poèmes appris de sa grand-mère dans leur dialecte originel. Elle représente l’espoir que leur culture perdure à travers cette nouvelle génération.

Population:
201,398 personnes (2019)

Lieux d’habitation:
Provinces de Tuyen Quang, Thai Nguyen, et Bac Giang

Autres noms:
Cao Lan, San Chi, San Chai, Man Cao Lan, et Hon Ban

Langage:
Tai–Kadai

San Diu ethnic group in Vietnam by Rehahn

Les San Diu

Les San Diu vivent dans les provinces de Tuyen Quang et de Thai Nguyen. Dans le passé, ils cultivaient le coton et les fleurs indigo pour tisser et teindre leurs costumes traditionnels. De nos jours, ils achètent principalement le tissu au marché puis le cousent pour embrasser le style ancien de San Dieu. Les femmes portent désormais rarement les costumes. Seules celles qui chantent dans des festivals ethniques sont susceptibles de s’en faire confectionner de nouveaux. Cependant, beaucoup de villageois semblaient toujours fiers de posséder ces vêtements symboles de leur patrimoine et étaient heureux de les montrer. Une des familles m’offrit  même un costume à exposer au musée. 

Je rencontrai Mac Thi Sinh, la femme de 75 ans représentée sur ce portrait lors d’un mariage. Elle fut ravie de me présenter  le travail minutieux de ses vêtements et de poser pour moi. Elle chanta même la musique traditionnelle San Diu appelée «Soong Co».

Les jeunes gens présents au mariage m’invitèrent  à rester et à assister à la cérémonie. Je trouvai les San Diu chaleureux et accueillants. 

Population:
183,004 personnes (2019)

Lieux d’habitation:
Provinces de Quang Ninh, Hai Duong, Bac Giang, Bac Ninh, Vinh Phu, Thai Nguyen, et Tuyen Quang

Autres noms:
San Deo, Trai, Trai Dat, et Man Quan Coc

Langage:
Sino-Tibetan

Si La ethnic group in Vietnam by Rehahn

Si La

Comptant seulement 709 membres, l”assemblée des Si La représente le 5ème plus petit groupe ethnique du Vietnam. Il existe très peu d’informations sur leur groupe, mais Hu Gu Si, 83 ans, m’a chanté leur histoire. Les paroles me racontent qu’ils sont originaires des Philippines et qu’ils ont migré au Laos, où le manque de nourriture et la rudesse des conditions de vie les ont forcés à traverser la frontière,vivant en autarcie dans les vallées isolées et hostiles de la province de Lai Chau.

C’est la première fois qu’un étranger s’arrêtait dans le village…de quoi faire parler pour quelques temps. Ils mentionnent encore avec humour cette fois où ils croient avoir vu passer un touriste, sans que ce dernier ne se soit pourtant arrêté. Très accueillants et avenants, certains anciens ne parlent pas vietnamien. Pour autant, leur costume n’est plus vraiment fabriqué. Il est surtout réservé aux grandes occasions ou aux représentations officielles. Son originalité tient à l’alignement des pièces d’argent qui recouvrent tout le buste. Un porte-bonheur qui, selon la croyance Si La, garantirait une bonne santé.

Il est accompagné d’une écharpe noire enroulée autour de cheveux collectés auxquels ils attribuent une grande valeur spirituelle. Au décès de sa compagne, le mari se voit offrir la moitié de ses cheveux afin de faciliter leur retrouvaille dans l’au-delà.  

Population:
909 personnes (2019)

Lieux d’habitation:
Province de Lai Chau

Autres noms:
Cu De Xu, and Kha Pe

Langage:
Sino-Tibetan

tay ethnic group vietnam by rehahn

Les Tay

Les Tay représentent le plus grand groupe ethnique du Vietnam et entretiennent d’étroites relations avec les Kinh. Ils vivent dans les provinces septentrionales, mais j’ai rencontré cette femme Tay dans les Hauts Plateaux, alors que je quittais un village M’nong. Il s’agit en fait de la grand-mère de Kim Hai, l’un de mes modèles favoris qui fait partie de mon projet Giving Back. Pour moi qui crois au Karma, le fait que sa grand-mère m’ait offert son costume pour l’exposer dans le musée n’est pas un geste anodin.

Contrairement à de nombreuses ethnies montagnardes vivant sur les pentes escarpées, les Tay se sont établis dans les vallées fertiles aux pieds des montagnes. Contrastant avec les tenues extrêmement élaborées de certains groupes du nord, le costume des Tay dénote par sa sobriété. Il est composé d’une jupe droite ou d’un pantalon, portés avec une longue tunique fendue sur les côtés, dont l’esthétique rappelle celle de l’Ao Dai typique des Kinh. Le costume de couleur sombre, en coton teinté à l’indigo, se voit seulement égayé par une ceinture de couleur vive, traditionnellement en soi. 

Dans certains groupes locaux, les jupes sont courtes et les Tay Pa Pzi agrémentent le vêtement austère de quelques détails en couleur, d’éléments en argent et d’un chapeau conique en tissu dont la forme représente une maison.

Population:
1,845,492 personnes (2019)

Lieux d’habitation:
Provinces de Cao Bang, Lang Son, Bac Kan, Quang Ninh, Bac Giang et Bac Ninh

Autres noms:
Tho, Ngan, Phen, Thu Lao, et Pa Di

Langage:
Tai–Kadai

Ta Oi ethnic group in Vietnam by Rehahn

Ta Oi

Ils sont divisés en 3 sous-groupes. Parmi eux, seuls les Kan Tua sont encore capables de fabriquer le costume traditionnel. Leur technique de tissage, appelée zeng a la particularité d’incruster de toutes petites perles de verre dans le motif. Ce savoir-faire local était en fort déclin jusqu’à ce qu’une femme de l’ethnie décide d’ouvrir des ateliers, non seulement pour confectionner à nouveau le costume, mais avant tout pour transmettre les techniques de ce patrimoine fragile. Les Ta Oi vendent désormais leurs produits, aux locaux comme aux touristes, dans des coopératives, qui représentent une opportunité pour ces femmes d’améliorer leur niveau de vie. Parallèlement, le district d’A Luoi, à proximité de Hue, aide financièrement ces structures. 

La femme du portrait, très avenante, m’a invité dans sa maison sur pilotis tandis que les enfants, autour de nous, riaient aux éclats, amusés de cette séance photo inédite. Vous pouvez admirer sa pipe dans le cabinet.

Population:
52,356 personnes (2019)

Location:
Provinces de Thua Thien-Hue Province et Quang Tri

Autres noms:
Toi Oi, Pa Co, Ba Hy, et Ba Ghy

Langage:
Austroasiatic

Thai ethnic group in Vietnam by Rehahn

Thai

Leur ethnie est divisée en deux sous-groupes, les Thai blancs et les Thai noirs, qui auraient eux-mêmes plusieurs sous-groupes. Il est possible de les distinguer au design de leurs costumes et aux techniques de construction de leurs maisons. Par ailleurs, leurs traits du visage sont distinctifs. 

Je me suis rendu dans la province de Nghe An à l’origine pour rencontrer les Ơ’Du, lorsque par chance j’ai croisé le chemin des Thái et créé un véritable lien avec cette femme. Au détour de notre conversation, j’ai découvert qu’elle est elle-même mariée à un Ơ’Du. Les Thai semblent en effet entretenir des relations très cordiales et une forte influence sur les ethnies voisines à l’instar des Khơ Mú et des Ơ’Du qui par ailleurs confectionnent le costume traditionnel des Thai. Je les ai trouvés particulièrement ingénieux, avenants et ouverts ; ils m’ont invité avec grand enthousiasme dans le village où j’ai pu ressentir un fort sentiment de fierté pour leur culture. 

Population:
1,820,950 personnes (2019)

Lieux d’habitation:
Provinces de Lai Chau, Dien Bien, Son La, Hoa Binh, et Nghe An

Autres noms:
Tay, Tay Dam, Tay Khao, Tay Muoi, Tay Thanh, Hang Tong, et Pu Thay

Langage:
Tai–Kadai

Tho ethnic group in Vietnam by Rehahn

Les Tho

Les Tho sont l’un des groupes qui m’a été le plus difficile à rencontrer. Je les ai approchés plusieurs fois auparavant ; toutefois, la plupart de leurs tribus résident près de la frontière du Laos, il est donc difficile de passer du temps avec eux pour des raisons de sécurité. Par chance, cette fois-là, je fus capable de les rencontrer dans une autre partie de la province. Dans cette région, leur culture et leurs costumes traditionnels ont été remplacés par ceux des Kinh. Lors de cette visite, j’en appris davantage sur leur groupe ethnique, dont le fait qu’il existe de nombreux sous-groupes et que certains d’entre eux parlent des dialects différents. 

Truong Thi Trinh, la femme de ce portrait, a 101 ans et pleine d’énergie. Nous avions apprécié notre moment partagé ensemble. Elle discutait avec grande joie sans cesse tandis que j’essayais de capturer son portrait, paraissant imperturbable par le fait que je ne comprenais pas un mot de son dialecte. Le haut du costume que Madame Thinh porte fut emprunté à sa voisine qui possède toujours l’ancienne version ; la jupe est la sienne. Une tradition qui reste forte dans ce village est la culture musicale du gong, qui fut passée de génération en génération par les ancêtres. Un nouveau gong, se trouvant dans le centre du village, est régulièrement sonné. 

Population:
91,430 personnes (2019)

Lieux d’habitation:
Province de Nghe An

Autres noms:
Keo, Mon, Cuoi, Ho, Tay Poong, Dan Lai, et Ly Ha

Langage:
Vietic

xinh mun ethnic group vietnam by rehahn

Xinh Mun

La tribu des Xinh Mun, comme beaucoup d’autres groupes dans la province de Son La ont des cultures similaires au plus large groupe ethnique Thaï. Ils sont d’origine Austro-Asiatique et parlent encore une langue indigène, qui est unique à leur tribu. On retrouve des représentants de la tribu Xinh Mun à la fois au Vietnam et dans le centre et le haut Laos. Leur village est blotti dans la jungle et est entouré par de magnifiques paysages naturels. Cela peut être l’un des derniers villages de ce genre à la frontière avec le Laos. Se trouvant à la frontière du Vietnam, ce village est dans une zone restreinte et donc je ne pus rester trop longtemps. 

Pendant la journée, le village Xinh Mun est plutôt vide car la plupart travaille dans la jungle. Seulement les femmes plus âgées restent pour s’occuper des enfants. 

Dans cette région très reculée du Vietnam, la majorité de la population locale n’avait jamais vu un étranger auparavant et fut surprise par mon arrivée. Madame Vi Thi Inh est née en 1916, et à l’âge de 103 ans, elle était occupée à faire la cuisine pour elle et son petit-fils lorsque je suis arrivé. Quand elle m’a vu, elle a tout de suite dit « Vao trong nha (entrez) » et sembla prendre cette rencontre avec un étranger en toute sérénité. Elle était heureuse de poser pour l’appareil photo et de parler de sa vie. Les Xinh Mun bâtissent leurs maisons sur pilotis dans la verdure épaisse des collines. J’ai adoré ce village pittoresque et authentique et j’y retournerais certainement. 

Population:
29,503 personnes (2019)

Lieux d’habitation:
Les provinces de Son La et Lai Chau et le long des régions frontalières vietnamo-laotienne.

Autres noms:
Puoc, et Pua

Langage:
Austroasiatic

Xo Dang ethnic group in Vietnam by Rehahn

Les Xo Dang

J’ai rencontré A Dip, (76 ans) en 2017, à une cinquantaine de kilomètres de Kon Tum dans la montagne. Il appartient à l’ethnie des To Dra constituant, selon les experts, un sous-groupe des Xo Dang, même si, d’après les To Dra, leurs traditions et leur dialecte sont sensiblement différents. C’est la première fois que je croisai ce costume traditionnel, mais A Dip refusa de me le confier car il est catholique et le revêt tous les dimanches pour se rendre à l’office. Celui que vous avez sous les yeux provient d’un autre village et diffère de ceux, richement colorés, que les Xo Dang achètent désormais aux Ba Na et portent parfois pendant les festivals. 

A Dip est l’une de mes plus belles rencontres de ces deux dernières années. Dans le cadre du programme « Giving back » je suis retourné le voir en 2018 pour lui donner le livre dans lequel figure sa photo et participer financièrement à son quotidien. C’est à l’occasion de cette nouvelle rencontre que j’ai découvert ses multiples talents : c’est le seul artisan du village à réaliser le panier traditionnel en bambou et le dernier à jouer des instruments traditionnels des To Dra.

Population:
212,277 personnes (2019)

Lieux d’habitation:
Principalement dans la province de Kon Tum et quelques-unes dans les provinces de Quang Ngai et Quang Nam.

Autres noms:
Xe Dang, Ca Dong, To Dra, Ha Lang, Mo Nam, Ta Tri, Ka Rang, Bri La Teng, and Con Lan

Langage:
Austroasiatic

Xtieng ethnic group in Vietnam by Rehahn

Xtieng

Comme pour la plupart des ethnies, chaque localité est gérée par un chef de village, au fait des affaires courantes de la communauté. Coutume insolite, chez les Stiêng, l’âge est calculé en fonction du nombre de moissons auxquelles ils ont participé. 

J’ai passé une journée à explorer l’un de leurs villages près d’Hồ Chí Minh Ville où j’ai été accueilli chaleureusement. J’y ai constaté à quel point il est difficile de se procurer un costume original complet, je ne suis d’ailleurs pas certain qu’il en existe encore. Les femmes âgées sont seins nus et ne portent que la jupe. Elles se parent de colliers en perles et d’une multitude de bagues et, à la manière des Brâu et des Mnông, elles arborent de larges bijoux d’ivoire dans le lobe. Quant à la nouvelle génération, les jeunes filles s’habillent avec des vêtements modernes. 

Fumer la pipe est passe-temps apprécié des vieilles femmes Stieng et celle que vous voyez sur la photo est exposée dans le cabinet.

Population:
100,752 personnes (2019)

Lieux d’habitation:
Provinces de Binh Phuoc, Dong Nai et Tay Ninh

Autres noms:
Xa Dieng et Stieng

Langage:
Austroasiatic